8h ce samedi. C’est le jour de votre séance hebdomadaire avec les amis. Vous ne la rateriez à aucun prix.
Mieux, vous avez à cœur d’être dans les meilleures dispositions. Ce matin, vous vous êtes levé comme un ressort. Hors de question d’être en retard. Un petit déjeuner solide et vous voilà déjà en tenue.
Vous palpez les poches arrières de votre maillot : ravitos, coupe-vent, chambre de secours, il ne manque rien. Les premiers tours de roues ne sont plus loin. Prêt à partir.
Vraiment ?…
Ah les pneus… ils ne seraient pas un peu sous gonflés ? Vous saisissez votre pompe. Vous avez vu juste. L’aiguille du manomètre décolle mollement.
Vous gonflez.
Oui, mais jusqu’où ? Il y a bien cette règle des 10%, qui signifierait 7.5 bars pour vos 75kg. Soit.
Mais vous êtes récemment passé sur des pneus plus larges, troquant vos 25mm pour des 28 mm. Allez-vous garder la même pression de gonflage ?
Sera-t-elle identique à l’avant et à l’arrière ?
Et puis aujourd’hui il devrait y avoir un peu de pluie : faut-il adapter la pression en conséquence ?
L’heure tourne…
Ces questions je me les suis posées. J’ai tâtonné, tenté, expérimenté. Tantôt surgonflé, parfois sous-gonflé j’ai connu les inconvénients de ces deux travers.
Et puis, j’ai voulu en avoir le cœur net. J’ai contacté des constructeurs (CONTINENTAL, MICHELIN). Des fabricants de pompes aussi (SKS). J’ai discuté avec leurs experts. Ils ont pris le temps de répondre à mes questions. J’ai analysé leurs préconisations et leurs données.
C’est le résultat de ce travail que vous découvrirez dans cet article.
On y va.
Pourquoi il est important de gonfler ses pneus à la ‘bonne’ pression
Vous vous demandez peut-être pourquoi accorder tant de place à la pression mise dans vos pneus. Après tout, 3 bars, 6 bars, 9 bars, voilà qui ne vous empêchera pas d’avancer.
Certes.
Et bien, voici 4 raisons qui vont vous montrer l’importance capitale de ce sujet.
Le rendement :
Quand la pression augmente, la surface de contact du pneu avec la route diminue. Il y a moins de frottement et donc un meilleur rendement. Faudrait-il donc gonfler vos pneus à bloc ?
Surtout pas.
D’abord ces principes fonctionnent bien sur un asphalte lisse. Mais dès que la route présente des imperfections, dès que le revêtement est plus granuleux, un pneu surgonflé va rebondir plutôt qu’absorber. Vos watts partiront en fumée. Donc contrairement à une idée reçue, surgonfler un pneu n’est pas synonyme de performance.
Et il y a mieux.
Si vous envisagez une portion un peu gravel lors de votre sortie, un pneu moins gonflé va mieux s’insérer dans les cailloux, plutôt que de s’agiter dans tous les sens. Il sera plus efficace.
Enfin, comme le souligne Fred Grappe (Directeur de la Performance de l’équipe Groupama – FDJ) « La résistance au roulement ne varie quasiment pas au-delà de 8 bars. Trop gonfler un pneu ne sert à rien ».
Tout ceci ne signifie pas qu’il faille rouler sous-gonflé. Sur les chaussées lisses, vous auriez l’impression d’être collé à la route comme un chewing-gum. De constamment rouler en faux plat montant. De lutter contre un tenace vent de face. Bref, vous gaspilleriez votre précieuse énergie.
La tenue de route
Un pneu surgonflé diminue la surface de contact avec la route. Voilà qui va dans le sens d’une moins bonne tenue de route.
Mais un pneu sous gonflé n’est pas pour autant une bonne option. Dans les virages, il va mal se déformer, vous maitriserez plus difficilement votre trajectoire. Dans les relances, dans les moments en danseuse, le pneu aura du mal à encaisser les efforts, il va s’écraser. Vous aurez du mal à rester dans votre ligne. Vous êtes cycliste, pas équilibriste.
Le confort
Plus le pneu est gonflé et plus vous ressentez les aspérités de la route. Sans doute supportable pour une petite sortie. Mais à considérer avant votre prochain record de distance… surtout si vous ne disposez pas d’un masseur aux doigts d’or à l’arrivée.
La crevaison
Notre hantise à tous. Elle vient s’inviter dans cette équation.
Lorsque la pression du pneu diminue, le risque de crevaison augmente. Un corps étranger peut plus facilement se frayer un chemin à l’intérieur. Et un nid de poule peut plus aisément générer un pincement de chambre (ce qui n’arrivera pas toutefois si vous roulez en boyaux ou en tubeless).
Mais un pneu trop gonflé peut, dans le temps, se déchirer plus facilement.
Sur un Paris-Roubaix, les pros s’acharnent à trouver le bon compromis. « On roule aux alentours de 6 bars » souligne Martial Gayant, directeur sportif de la FDJ. Il s’agit d’éviter les crevaisons sur les 52 km de secteurs pavés, tout en ayant un bon rendement lorsque les coureurs retrouvent le bitume.
Malgré tous leurs efforts, les équipes tournent entre 2 et 5 crevaisons les bonnes années, et jusqu’à 15 lorsque le sort s’acharne.
…
Vous voyez, cette question de la pression de gonflage, simple en apparence, peut vite virer au casse-tête. Alors, on fait comment ?
Voici comment déterminer votre pression de gonflage adéquate
Étape 1 : Connaitre la pression à ne jamais dépasser
Jeter un œil aux flancs de vos pneus. Le constructeur y mentionne en général deux pressions. Une pression minimale ou recommandée, et une pression maximale. Ne gonflez jamais au-delà de la valeur indiquée.
Selon les cas, cette pression est exprimée en bar ou en PSI.
Un bar correspond à 1 kg exercé sur une surface de 1 centimètre carré. C’est à peu de chose près la pression atmosphérique. Quand vous gonflez à 8 bars, vous êtes à 8 fois la pression atmosphérique, 8 kg par centimètre carré.
Le PSI est une unité anglo-saxonne. Accrochez vos ceintures. Elle correspond à la force exercée par une livre sur un pouce carré (‘pound per square inch’). Concrètement 1 bar vaut 14,7 PSI. Inversement, 1 PSI correspond à 0,068bar.
Le tableau ci-dessous vous facilitera quelques conversions :
Maintenant que vous connaissez la pression maximale admise par vos pneus, vous allez déterminer la pression de gonflage qui vous convient. C’est l’étape essentielle, ne la ratez pas…
Étape 2 : Votre pression de gonflage optimale
Il faut que je vous parle de trois points ;
1/ Votre poids : Plus vous êtes léger, moins vous avez besoin de gonfler à une pression élevée. Logique.
Votre pression de gonflage va donc dépendre de votre poids.
2/ La largeur de vos pneus. Un pneu plus fin encaissera votre poids sur une surface plus petite. Pour résister à ‘l’écrasement’, il lui faudra donc une pression un peu plus forte.
3/ Avant / arrière : Votre poids n’est pas uniformément réparti sur les roues avant et arrière. Il est admis que 70% de votre poids est supporté par la roue arrière. Idéalement, vous pouvez donc gonfler un peu plus l’arrière que l’avant.
Et concrètement ?
Dans les graphiques et tableaux ci-dessous, vous trouverez la pression qui devrait vous convenir, en fonction de votre poids, de la largeur de vos pneus, pour la roue avant comme pour la roue arrière.
Le cas du tubeless :
A section de pneu égale, la pression recommandée dans un pneu tubeless est souvent plus faible que celle d’un pneu à chambre car il n’y a pas de risque de crevaison par pincement.
A noter que ces données n’émanent pas des constructeurs de pneumatiques qui ne fournissent pas de recommandations aussi détaillées. J’ai récupéré ces informations grâce aux bases de données de SKS, fabricant allemand de pompes et autres accessoires depuis près d’un siècle.
Si vous voulez fignoler… il vous reste maintenant à prendre en compte les éléments extérieurs : le terrain, la météo. C’est ce que vous allez découvrir dans l’étape suivante.
Étape 3 : Les éléments extérieurs :
Le terrain : Si vous envisagez une sortie sur un bitume en triste état, ou avec des secteurs pavés, ou avec un passage non goudronné, vous pourrez dégonfler un peu.
De combien ?
Vous pourrez enlever un demi-bar, un bar, parfois un peu plus encore. Voilà qui vous fera gagner en confort et en rendement sur ces portions délicates.
Mais ce sera au détriment de l’efficacité sur l’asphalte bien lisse. Et attention à ne pas descendre trop bas qui augmenterait le risque de crevaison.
Ce sont à de petits ajustements à tester, à ressentir, à vérifier.
La météo : Si la pluie s’est invitée à votre sortie, vous allez perdre en adhérence. Jetez un oeil à ces deux schémas (que m’a transmis Jan-Niklas Jünger – Product manager chez CONTINENTAL – merci à lui).
Que faire par conséquent par temps de pluie :
- La méthode la plus efficace est de rouler avec des pneumatiques plus larges.
- Une autre solution facile à mettre en oeuvre, mais moins efficace toutefois, consiste à réduire légèrement la pression pour trouver un supplément d’adhérence. Il vous faudra veiller à ne pas descendre trop bas pour éviter une recrudescence de crevaisons. Quelques essais seront bienvenus.
En conclusion
Vous savez désormais déterminer votre pression de gonflage optimale.
Elle varie en fonction de votre poids et de la largeur de vos pneumatiques.
Vous pouvez aussi l’ajuster en fonction de l’état de la route et des conditions météo.
Vous avez vu, il n’y a pas de formule magique. C’est une affaire de compromis entre le rendement, le confort, la tenue de route et le risque de crevaison.
À présent, munissez-vous de votre pompe préférée, équipée d’un manomètre bien sûr, et vous serez vite prêt à rouler dans les meilleures conditions.
Par la suite, n’oubliez pas de contrôler vos pressions régulièrement.
Ce sont vos pneus qui vont vous remercier.
Bonjour Philippe,
J’ai beaucoup appris en lisant ton article, merci beaucoup.
J’ai deux questions :
1- le poids du vélo a t-il une importance dans le gonflage ? Je te pose la question, qui n’intéressera que les détenteurs de VAE, le mien avec sa batterie pèse environ 25 kilos !
2- Je cherche des pneus vraiment increvables (sans chambre). Est-ce que ça existe ? Je pose encore la question, parce que changer une chambre à air au cours d’une sortie, c’est vraiment la galère, en raison du poids du vélo.
Merci pour tes réponses
Amitiés
Jacques
je suis dans le même cas que Jacques , si quelqu’un peut nous répondre , devoir enlever la roue AR sur un VAE c’est galère le pneu increvable serait le TOP !!! merci d’avance et bonne route à tous
Merci Alain, la question est donc posée. Bonne route à toi aussi 🙂
Il existe un pneu annoncé comme increvable en effet. L’air y est remplacé par une mousse PU. Selon le constructeur, le poids est pratiquement identique mais il faut s’attendre à 10% de perte de rendement… ce qui me parait acceptable en VAE.
Je n’ai pas testé mais il me semble que ça vaut le coup d’essayer…
https://www.increvable.com/pneu-plein-greentyre-esprit-rouge-700x28c-largeur-interieure-de-jante-16-a-18-mm-etrto-28-622.html
Bonjour Philippe,
Très content de t’avoir rencontré dimanche dernier, et merci beaucoup d’avoir fait demi tour pour me dire bonjour.
Pour ce qui concerne les pneus pour VAE. J’ai lu avec attention l’article en question. Je crois que je vais continuer à galérer, ci-dessous un court extrait :
“Vélos électriques :
Les pneus pleins n’ont pas été conçus pour les charges induites par les vélos à assistance électrique. Ils sont déconseillés pour les Vélos à Assistance Electrique. ”
Au plaisir de te rencontrer à nouveau sur la route
Amitiés
Jacques
Avec le développement des VAE, peut-être qu’une prochaine gamme sera développée pour eux. A suivre…
A bientôt, au hasard de nos circuits 🙂
Bonjour Jacques,
1 – Effectivement dans le cas des vélos électriques, le moteur et surtout la batterie exercent une surcharge importante qu’il faut prendre en compte
2 – Il existe des pneus sans chambre : les pneus ‘tubeless’. Tu n’as plus de risque de pincement de chambre (puisque pas de chambre) et l’ajout d’un liquide préventif est censé permettre de colmater les petites crevaisons. Toutefois, il n’est pas pour autant ‘increvable’ en cas de grosse entaille. Voilà pour le principe mais je n’ai jamais testé. Quelqu’un qui a essayé pourra peut-être davantage te renseigner.
A bientôt
Philippe
Bonjour Philippe,
Merci beaucoup pour ces informations. J’ai lu quelques articles sur les pneus “tubeless”, mais je ne suis pas convaincu. Mais les pneus increvables doivent vraiment exister. Il y a quelques années, j’ai loué avec des amis une pénichette sur la canal du midi. Nous avions des VTT pour rouler sur les chemins de halage. Ces pneus ne comportaient pas de valves, et les vélos n’avaient pas de pompes. Le loueur nous avait dit que ces vélos étaient équipés de pneus increvables !
Amitiés
Jacques
Bonjour Jacques,
Il existe un pneu annoncé comme increvable en effet. L’air y est remplacé par une mousse PU. Selon le constructeur, le poids est pratiquement identique mais il faut s’attendre à 10% de perte de rendement… ce qui me parait acceptable en VAE.
Je n’ai pas testé mais il me semble que ça vaut le coup d’essayer…
https://www.increvable.com/pneu-plein-greentyre-esprit-rouge-700x28c-largeur-interieure-de-jante-16-a-18-mm-etrto-28-622.html
J’utilisais ce site : https://www.alpiniste.fr/pression-pneu-velo-route-calculateur/
Et la température extérieure, à savoir < 5° est aussi un élément de calcul.
Intéressant, merci Guillaume 🙂
Excellent cet article j’ai découvert que pour gonfler un pneu il fallait prendre plusieurs paramètres .
Merci
Merci Gérard 🙂
Faut-il dégonfler les pneus après une sortie?
Bonjour Philippe,
C’est toujours un grand plaisir de découvrir les articles sur la manière et les connaissances à savoir sur l’utilisation du vélo dans les meilleures conditions. Et celui-ci est très enrichissant comme toujours. Merci à toi pour ce travail de recherche permanent pour notre confort.
Bonjour Claude,
Merci à toi, c’est sympa 🙂
Très pertinent !! enfin des infos utiles et une bonne mise au point sur le sujet des pressions de pneus !!
Merci Georges, oui c’est un sujet souvent discuté dans les pelotons, il méritait bien son petit article 🙂