Tout le monde est là ? On est parti. Je clique ma pédale gauche et notre petit groupe s’enfonce dans la pénombre matinale.
Au bout du chemin, un commissaire bénévole nous indique la droite. Plusieurs groupes ont déjà pris la route et s’étirent dans cette longue ligne droite en sous-bois. Beaucoup arriveront encore. Jolie affluence pour cette nouvelle édition du ‘Toboggan Meudonnais’. Un rendez-vous annuel qui permet à tous les aficionados de notre sport de parcourir la vallée de Chevreuse.
Ces routes, je les connais par cœur. J’y ai donné mes premiers tours de pédales lorsque j’ai commencé le vélo. Mais c’est la première fois que je participe à cette randonnée.
Carole est venue me chercher ce matin à 6 heures, nous avons récupéré Alex, un autre ami de notre club et nous avons fait route ensemble de Nogent-sur-Marne à Meudon.
Dans quelques instants, nous serons au pied de la première bosse. Il devrait y en avoir une dizaine à avaler ce matin. Jamais très longues, mais suffisamment nombreuses pour entamer les organismes.
Le paysage urbain laisse peu à peu place à la campagne. Les roues ronronnent. Les chaines naviguent sur les cassettes à l’approche des premières pentes.
Alex se dresse sur ses pédales et prend un relais. Les souffles se font entendre. Mais les efforts sont de courte durée : on n’est pas dans les Alpes non plus.
Déjà la descente permet à chacun de récupérer un peu. En quelques tours de roues, Carole est déjà loin devant. Certains la qualifient d’intrépide. Elle a surtout une technique hors pair. Toujours la trajectoire juste, on la croirait sur des rails.
Bientôt deux heures de selle, le premier des ravitos est en vue. Personne ne veut le zapper : ils sont toujours bien fournis ici. J’avale quelques fruits secs, je réchauffe mes doigts un peu gourds avec un gobelet de thé tout fumant. Nous repartons sans trop tarder, on se refroidit si vite.
Nous passons devant le château de Dampierre. Quelques mètres de pavés qui nous secouent peu. Bientôt la côte des 17 tournants. Un jour il faudra que je les compte. Je sais que la pente y est régulière et le revêtement impeccable, je m’en régale déjà.
Notre petit groupe est bien compact. Un ralentisseur approche, je serre à droite. Et puis tout s’accélère. On s’écarte devant moi. J’ai peut-être ma demi-seconde d’inattention. Je découvre, là devant ma roue… une balise de signalisation.
Vaine tentative de l’éviter. Le choc. J’ai le temps de voir la route d’un peu plus haut et de me dire que là, ça va faire mal. Soleil. Bascule sur le côté gauche. Réception sur la tête, puis l’épaule. La clavicule joue son rôle de fusible. Camion rouge, urgences, opération. Dans quelques semaines elle sera encore plus forte. D’ici là, j’apprendrai ce que patience veut dire.
Radios et scanner ne détecteront pas le moindre traumatisme ni à la tête ni aux cervicales. Un grand MERCI au casque. Il méritait bien son petit article.
1 – Le casque : un indispensable ?
Le casque sauve des vies. Ce n’est pas votre serviteur qui pourrait dire le contraire.
Mais au diable mon cas personnel, parlons avec des données :
- Selon une étude tchèque portant sur 119 cyclistes décédés dans des accidents, 5 seulement portaient un casque. Et surtout, les circonstances de ces accidents ont été décortiquées. Le verdict est sans appel. 44 cyclistes (un sur trois) auraient sans doute eu la vie sauve s’ils avaient porté un casque. (source : France Télévisions)
- La Norvège a établi que le casque réduisait de 60% le risque de blessure grave en cas de chute ou d’accident. Cette même étude indique que près de 40 % des cyclistes auraient pu survivre si leur tête avait été protégée par un casque au moment de l’accident. Une conclusion qui conforte celle de leurs confrères tchèques.
- L’hôpital de Nashville (Tennessee) a repris les dossiers de plusieurs centaines de jeunes de moins de 18 ans ayant subi un accident de VTT ces 10 dernières années. Ils ont comparé les traumatismes de ceux qui portaient un casque et ceux qui n’en avaient pas. Le risque de fracture du crâne passe de 4 à 18% et d’hémorragie cérébrale de 4 à 16%. Une multiplication par 4.
- Plus proche de nous, le laboratoire de biomécanique de l’université de Strasbourg a simulé la classique ouverture de portière de l’automobiliste au moment où passe un cycliste. C’est spectaculaire : le risque de lésions neurologiques est divisé par 20 quand on porte un casque.
- Convaincu de mettre un casque ? Très bien. Mais, on ne se sent pas pour autant invincible : les casques sont homologués pour encaisser un choc de 19.9 km/h. C’est grosso modo la vitesse qu’aurait votre tête après une chute de 1.5 mètre. Au-delà, on entre en mode espoir.
2 – Faut-il changer votre casque ?
Le but de votre casque est d’encaisser l’énergie d’un choc. Pour ne pas la restituer entièrement à votre crâne et votre cerveau. C’est un amortisseur.
On ne lui demande donc pas seulement d’être ‘solide’. Il doit pouvoir se déformer, voire se fissurer. En cas de pépin, s’il le faut, votre casque se sacrifie.
Une fois fendu, endommagé, votre casque ne jouera plus son rôle d’amortisseur. Le problème, c’est que ces fissures peuvent être invisibles à l’oeil nu. Donc dans le doute, après un choc, offrez-vous donc un nouveau casque.
Mais, même sans choc, un casque n’est pas éternel.
La garniture en polystyrène se durcit avec le temps.
Les coques plastiques vieillissent sous l’action des rayons UV : les casques avec des coques en polycarbonate (haut de gamme) sont à changer tous les 5 ans, ceux en PVC tous les deux ans.
Vérifiez régulièrement si votre casque présente une fissure sur sa coque ou à l’intérieur, si les sangles ne sont ni déchirées ni effilochées. Sans état d’âme, il faudra vous en séparer.
3 – Comment choisir votre casque ?
Je vais rappeler les quelques critères de choix d’un casque, mais franchement ce sont avant tout des règles de bon sens :
- Il y a le design et la couleur. Oui, je commence avec ce premier critère. Avouez-le : jamais vous n’achèterez un casque qui ne vous plait pas au premier coup d’œil. Non ?
- Privilégiez un casque confortable, vous allez le porter pendant des heures. Je me sentais tellement bien dans le mien que je me surprenais à me toucher la tête en début de sortie pour vérifier que je ne l’avais pas oublié à la maison.
- Le casque doit être à votre taille, et, une fois serré, bien tenir d’avant en arrière de droite et de gauche. Une molette occipitale (du nom de cet os du crâne situé au-dessus de la nuque) doit permettre de le régler convenablement.
- Il doit être bien ventilé, beaucoup d’échanges thermiques se font au niveau de la tête
- Si vous l’achetez en ligne, sans l’essayer, n’oubliez pas de jeter un œil au poids.
Mais avant d’appuyer sur le bouton, lisez la suite. Elle risque bien de vous surprendre.
4 – Vous casque vous protège-t-il vraiment ?
Votre casque doit répondre à la norme EN 1078. Il s’agit d’une norme européenne appliquée en France pour homologuer les casques de cyclistes.
Il me vient alors une question : la norme EN1078 est-elle suffisante ? Peut-on considérer qu’elle nous protège suffisamment ?
Je me suis penché sur le sujet.
Cette norme impose de vérifier plusieurs points parmi lesquels « la capacité d’absorption du casque lors d’un choc » (vous vous souvenez… le fameux rôle ‘d’amortisseur’ de votre casque)
En 2015, Gérald Milne a consacré une thèse à “l’évaluation biomécanique du casque de protection pour cycliste”. 260 pages d’analyses, de tests et d’analyse. Le garçon a tout scruté, creusé, approfondi sur le sujet.
Ses travaux mettent notamment en évidence que le critère d’homologation rappelé ci-dessus repose uniquement sur l’accélération linéaire de la tête.
Dit autrement, l’homologation de votre casque ne prend pas en compte une possible rotation de la tête lors du choc.
Et là, il y a un os.
Cette rotation intervient dans la plupart des accidents. Elle est brutale. Evidemment.
Elle génère alors une accélération / décélération du cerveau dans la boite crânienne. C’est elle qui cause des dommages et des lésions neurologiques. Bien davantage que l’accélération linéaire.
Fort de sa découverte, Gérald Milne a proposé de faire évoluer la norme
…mais rien n’a changé depuis.
Il a aussi préconisé que les fabricants réduisent autant que possible la rotation de la tête lors d’un choc, en travaillant tout particulièrement le design du casque.
Et là, il y a eu une petite révolution…
5 – La technologie MIPS
La société MIPS a mis au point une technologie de casque qui permet de mieux protéger le cerveau en cas de choc.
Sur les casques dotés de leur technologie, une couche intermédiaire est ajoutée entre la tête et la coque. Cette couche peut se déplacer de manière légèrement indépendante de la coque.
Lorsque vous tombez et que des forces tendent à faire tourner le casque, cette couche s’actionne, glisse et diminue la force de rotation exercée sur votre tête.
Efficace ?
Je portais ce type de casque lors de ma chute. Ma tête a frappé sur le quart gauche du casque. Je n’ai eu aucun traumatisme, ni au crâne ni aux cervicales. Est-ce que je le dois au système MIPS ?
Pour en avoir le cœur net, il faudrait reproduire l’accident avec un casque dépourvu de cette technologie, mais là je vais passer mon tour…
6 – Ma petite sélection
Désormais, plusieurs marques proposent des casques avec la technologie MIPS à l’intérieur de leur gamme. J’en ai repéré chez Bollé, Giro, POC notamment.
Ma préférence va au casque développé par SMITHS. Vous pourrez faire votre choix parmi 15 coloris.
Et, surtout, ce casque intègre une deuxième technologie : sa structure est en Koroyd, un matériau fait de milliers de petits tubes extrudés et soudés thermiquement en eux.
Lors de l’impact, ces tubes s’écrasent ce qui absorbe l’énergie du choc. Les derniers tests prouvent que ce matériau est capable d’absorber jusqu’à 48 fois plus d’énergie qu’une construction classique de casque.
Mais ce n’est pas tout : à la structure ce matériau permet de laisser entrer l’air frais tout en expulsant l’air chaud de l’intérieur du casque. Donc sécurité thermique et confort devraient être au rendez-vous.
Il ne pèse pas plus de 280 grammes.
Je le teste dès que je remonte sur le vélo et je vous en dirai des nouvelles.
Conclusion
Certes, le caque vélo n’est obligatoire que pour les moins de 12 ans et vivement recommandé au-delà. Je ne peux que vivement vous encourager à systématiquement en mettre un, pour les petits trajets comme pour les longues sorties. Vérifiez-le régulièrement et faites-vous plaisir quand le moment sera venu de le changer.
A vos casques !
Merci pour ton article !!! Je vois mon casque autrement maintenant.
Excellent , je vais de ce pas vérifier si mon casque est MIPS ou sinon faire ma commande au père Noël ????
Excellent 🙂
Faire du vélo, cheveux au vent, c’était ma liberté jusqu’à présent!… Ton article m’interroge tellement tes arguments sont imparables.
Que vais-je demander au Père Noël? J’avais prévu un parfum…
Peut-être lui demanderais-je un casque à vélo en supplément …avec la norme MIPS …of course ????
Il ne pourra pas te le refuser 🙂
Merci Philippe pour cet article et bon courage pour ton rétablissement et la reprise qui suivra.
En Espagne, le casque est obligatoire sur route, pas seulement conseillé. Nombre de personnes utilisent des Velib’ et autres vélos en libre service sans obligation de porter un casque. Avec la multiplication des nouvelles mobilités (on peut rajouter les trottinettes, électriques ou pas) et les nombreux trous dans la chaussée laissés par la municipalité parisienne, il faudra un jour légiférer pour rendre vraiment obligatoire le port du casque pour tous. Le partage de ton expérience personnelle et les statistiques sont irréfutables. Comme pour le port de la ceinture en voiture !
Quant à moi, il va falloir que je suive tes conseils et passe au MIPS. Effectivement une bonne idée de cadeau pour Noël (comme Philippe L.) même si j’aime bien mon Kask Protone.
Merci Pierre-Olivier 🙂
Je me suis rendu compte que sur la question de “l’obligation” du port du casque, il y avait un débat, avec des groupes qui militent contre. Je me demande si je ne vais pas lancer le débat sur Facebook…
Très bel article ! Et bon rétablissement, Philippe !
Merci Joël, merci beaucoup 🙂
Mon fils fait du motocross il utilise un casque de marque Bell avec la technologie MIPS je n’étais pas au courant que cela existait aussi pour les casques de vélo ce sûrement mon prochain achat.merci Philippe
Très bon choix, bravo Alain 🙂
Salut Philippe,
Mais quelle idée d’aller embrasser une balise !
Je suis bien évidemment désolé pour toi, mais je vois que tu prends tout cela avec une certaine philosophie. Si les conséquences n’étaient pas graves, ta façon de raconter cet accident de parcours prêterait même à en sourire. Sans doute le fait de l’expérience et de la sagesse. Si tu reviens avec une clavicule encore plus forte, je suis persuadé qu’il en sera de même pour la motivation.
Il n’y a pas si longtemps, lorsque j’ai découvert le vélo et ton blog par la même occasion, j’ai salué la qualité de tes articles qui m’ont largement permis d’enrichir mes connaissances en la matière. Maintenant, tu n’es peut être pas obligé de tout tester, on te croit sur parole. En tout cas, pour ma part, je vais continuer à m’inspirer de tes conseils dans la limite du raisonnable…
Bon rétablissement Philippe.
Merci Denis, merci beaucoup. Excellente thérapie que ton message 🙂
Merci pour ce sujet très intéressant, pour moi il est inconcevable de rouler sans casque, il devrait être obligatoire.
Oui inconcevable. J’en ai d’ailleurs profité pour faire une petite piqure de rappel à mes (pourtant grands) enfants 🙂
Excellent article à la fois plaisant dans le ton et pointu sur le fond : c’est tout toi ! Bravo Philippe et bon rétablissement. NB : je regarde mes casques différemment désormais… Amitiés.
Merci Philippe, trop sympa!! 🙂
Très bon article Philippe avec toute les précisions comme tu sais le faire. Les casques SMITH sont pas donnés .., par contre les casques GIRO et POC sont plus abordables. Bon rétablissement et à bientôt.
Amitiés